Société
des Ardoisières
de l'anjou

 

Souvenirs d'un ingénieur du fond


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La carrière de Misengrain

Après ma période à la Grand Maison, je suis devenu « chef d’exploitation » de la carrière de Misengrain, du nom d’un ruisseau local, proche de Noyant la Gravoyère, de 1975 à 1985. Il y avait un directeur de la carrière, René Epoque, mon prédécesseur au fond. Tout le monde disait « ingénieur du fond ».

Je n’ai pas saisi d’entrée la responsabilité que cela entrainait, mais j’étais le « patron » responsable légal du fond, avant le directeur, Jean Pecqueur, Ingénieur en chef, ou même le PDG, M. Pierre-André Dutilleul-Francoeur.

De fait, j’avais 1) la formation, théoriquement. 2) les moyens. Le service achat a parfois discuté mais n’a jamais refusé une des commandes du fond. 3) la délégation des pouvoirs. C’était clairement écrit dans le « statut du mineur ». C’est ce document qui réglait beaucoup d’éléments de la vie administrative des ardoisières. Légalement, j’étais pleinement « responsable ». Il y avait 153 personnes à mon arrivée, quand même.

La loi prévoit trois cas : les minières, les mines et les carrières. Je ne me souviens plus de celui des minières. Sous la surface du sol, il y a le « tréfond » puis en dessous, le « fond ».

Le « tréfond » peut être exploité dans des carrières, souterraines ou à ciel ouvert, et il faut être pleinement propriétaire de la surface. C’était le cas des sociétés ardoisières. Les mines peuvent être elles aussi, souterraines ou à ciel ouvert, en exploitant le « fond ». Elles nécessitent des autorisations de l’Etat. C’est par exemple le cas du pétrole ou du charbon. Le « tréfond » se termine là où commence le « fond » et c’est l’Etat qui décide.

Pour faire très simple, ce qui a de l’importance stratégique comme le charbon ou le pétrole, est exploité dans le « fond », sous forme de mines qui dépendent de l’état. Ce qui n’en n’a pas, comme l’ardoise, le marbre ou le gravier, l’est dans le « tréfond ».

Dans le langage commun, sur les exploitations ardoisières, il y avait le « jour », ce qui est au dessus de la surface du sol, et le « fond », ce qui est au dessous. Tous les personnels de l’exploitation souterraine faisaient donc partie du fond, ainsi que, sauf erreur de ma part, le machiniste qui, bien qu’étant au jour, faisait partir du fond. Subtilités administratives, importantes du point de vue règlementaire, de salaire, mais aussi et peut-être surtout, de principe.

On ne mélangeait pas les gens « du fond », les « mineurs », avec les gens « du jour ». Oh, ben, quand même….

La carrière était encadrée par les limites historiques de propriété. Tout un côté l’était par la carrière de Bel Air, exploitée par les Ardoisières d’Angers. Une épaisseur de 50 m de chaque côté de la limite de propriété était inexploitée, pour bien séparer les deux exploitations. J’en parlerai plus loin au sujet de la chambre 23 bis.

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