Société
des Ardoisières
de l'anjou

 

Souvenirs d'un ingénieur du fond


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  L'extraction

Le nombre de cordées à l’extraction était limité. Une cordée est l’opération de remonter une « charge » de pierre ou deux berlines pleines, et de descendre un crapaud ou deux berlines vides. Un crapaud était un chariot sur rail, sur lequel était posée la pierre, une berline un wagonnet pour transporter les déchets.

Les horaires du fond étaient de 7h à 15h. La montée ou descente du personnel se faisait dans une cage vide, par sécurité, et donc « consommait » une cordée. Le travail s’arrêtait à 11 heures, pour le casse-croute. Cela valait pour les gens du fond, mais aussi pour les machinistes, au jour ou en tête du bure. Aussi, la règle était de ne pas demander la cage, pendant le casse croute des machinistes.

Le chef clerc m’avait bien fait passer le message : par correction, la dernière cordée était un peu avant 11h, sauf urgence. Le directeur peut-être, mais l’ingénieur du fond n’était pas une urgence. Après, il fallait attendre la fin du casse-croute du machiniste pour remonter.

A une occasion, j’étais arrivé sur le puits, et trouvé un clerc et un ouvrier « blessé » qui venaient d’arriver. Ce dernier s’était fait mal au dos. Sachant que j’étais au fond et que je remontais habituellement par la « dernière » cordée, ils en profitaient pour remonter.

Effectivement, quand je descendais seul, les clercs savaient vers quels chantiers j’étais. Quand on voit les galeries creusées dans la pierre, il est étonnant de constater comment la communication fonctionne bien parfois.

Une fois, j’avais raté la « dernière cage ». Je m’étais avancé dans les galeries pour attendre le redémarrage de l’activité. J’avais trouvé 2 ouvriers qui mangeaient sur une table dans le travers banc d’une chambre. J’avais voulu discuter un peu avec eux. Ils m’avaient répondu poliment, j’étais un ingénieur du fond quand même, mais j’avais très clairement compris que le temps de casse-croute était pour eux, pas pour la « direction ». Au revoir et bon appétit.

J’avais demandé au directeur, avant un premier remplacement, quelles étaient les consignes : Il m’avait dit : « tu passes et tu te fais voir dans tous les chantiers, tu demandes si ça va bien, la réponse est oui, et tu remontes ». J’avais alors posé la mauvaise question : « et si c’est non ? ». « Alors, tu te débrouilles, c'est ton boulot ». La réponse a toujours été oui, en ce qui me concerne.

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