Société
des Ardoisières
de l'anjou

 

Souvenirs d'un ingénieur du fond


Société
des Ardoisières
de l'anjou

 

 

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L’issue de secours

Une galerie avait été creusée vers d’anciennes exploitations des Ardoisières d’Angers, la concurrence. Elle servait d’issue de secours, en cas de blocage du puits, et permettait l’aération.

Une « porte » avait été mise en place pour fermeture : Si pour une raison ou une autre, une arrivée d’eau importante avait lieu, par exemple, cette porte pouvait être fermée pour séparer les deux carrières, des deux sociétés différentes.

J’ai visité cette issue de secours, une fois avec le directeur, jusqu’à l’autre puits. Il était étonnant de passer dans ces vieux travaux, des galeries déséquipées, sans rails ni éclairage, qui n’avaient pas du tout bougé depuis leur abandon.

Même s’il y avait une concurrence sévère entre les deux sociétés ardoisières, il y avait des échanges et des accords « techniques ». Cette issue de secours en était un exemple.

Dans le passé, il y avait eu avant que j’arrive, des problèmes dans des puits, des éboulements de boisage sur la carrière de Misengrain, par exemple. Dans ces cas, il n’est pas possible d’utiliser ni une cage, ni un câble d’extraction.

Les ardoisières d’Angers avaient un « bassicot », sorte de tonneau, pour éventuellement descendre dans le puits au milieu d’éboulements. La Société des ardoisières de l’Anjou avaient un « plancher », plate-forme carrée assez large, pour travailler dans le puits, sans la cage. Il y avait un accord de prêt réciproque, au cas où.

L’aérage

L’issue de secours débouchait sur un ancien puits. Au creusement de cette galerie, comme partout dans le même cas, il se produit un équilibre : de l’ai frais rentre dans un puits, se réchauffe dans les travaux et galeries, se charge aussi en humidité, et ressort par l’autre puits. Sur le puits de sortie, le chevalement est entouré pour créer un effet de cheminée et augmenter le « tirage ».

Le débit d’air n’est pas très rapide, mais, compte tenu des volumes, quand il est installé, il est très difficile de vouloir l’inverser.

Etre "du fond"

L’exploitation de la Grand Maison m’a paru à l’époque assez « rustique », avec des méthodes plutôt anciennes. Cependant, j’ai eu l’impression que les gens étaient satisfaits d’y travailler.

Certes, les syndicats y étaient très implantés et assez revendicatifs. Bien qu’étant « du coté de la direction », je n’ai jamais ressenti d’animosité. Avec les clercs comme avec les ouvriers, on avait la même voute au dessus de la tête, on avait le même risque, on était « du fond ».

Quelques chiffres

La production de la Grand Maison était à l’époque d’environ 25 tonnes d’ardoise par jour. Il y avait au fond environ 50 personnes pour extraire la pierre nécessaire à cette fabrication.

Etant passé au commercial, j’ai eu l’occasion de visiter la carrière de Ferlosa, en Espagne, plus précisément en Galice. Cette carrière produisait aussi environ 25 tonnes d’ardoise par jour.

Pour fournir la pierre nécessaire, l’exploitation était à flan de montagne et à ciel ouvert. Les déchets étaient en particulier poussés dans la vallée par un bulldozer.  Elle nécessitait 3 personnes. 

En résumé pour la même production d’ardoise, il fallait 50 personnes au fond de la Grand Maison et 3 personnes en Espagne. Sans autre commentaire.

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