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L'(ancienne) méthode à rabattre
Dans les étages supérieurs, la méthode d’exploitation était la méthode « à monter » ou « à rabattre ». Les chambres faisaient 20 m de large sur en principe 60 m de long. Le banc faisait 6 m de haut.
Les « mineurs » foraient des trous de mine à la voute et sur les « coupes », les côtés, au marteau perforateur, de 3 m de long de mémoire. Un perforateur pesait environ 20 kg.
Porter 20 kg, plus ou moins en porte-à-faux, un matériel qui vibrait n’était pas forcément facile. Des arrêts maladie pour cause de mal de dos étaient relativement fréquents.
Ces trous de mine étaient bourrés de poudre noire. Cet explosif n’est pas des plus puissants, mais il ne fracturait pas trop la pierre du banc, ni ne « secouait » la voute.
A l’occasion d’un tir dans le gisement, un bloc plus ou moins stable, risque toujours de tomber : Les tirs pour faire tomber le banc, en chambre, avaient donc lieu le soir à 23h, à la remontée du deuxième poste, éventuellement mais peu souvent à 15h, à la remontée du premier, quand les ouvriers avaient quitté les chantiers.
En général, on essayait de tirer en fin de journée, pour laisser le temps au gisement de « travailler » si besoin. Parfois, il était fait un « pétard », soit un tir limité, à la dynamite, pour faire tomber un bloc, « purger » une voute par exemple. Le tir avait alors lieu au moment du casse-croute, quand il n’y avait plus personne en chambre.
J’emploie le verbe « tomber ». Au fond, on acquiert rapidement la notion de la verticalité : Si quelque chose, un petit ou gros bloc par exemple, « tombe », c’est verticalement, loi de la gravité oblige.
En principe, on ne se déplace que dans des zones dans les quelles la voute a été vérifiée et éventuellement consolidée. Effectivement, un « petit » morceau de quelques kg qui tombe de plusieurs mètres de haut peut être mortel. Ce fut le cas quelques années avant mon arrivée, pour deux ouvriers, en galerie.
Après le tir, le banc, un volume de pierre d’environ 6 m de haut, 20 m de large, 3 m de long, tombait sur les remblais laissés en place sous l’ancienne voute.
Le lendemain du tir, le travail consistait d’abord à nettoyer la nouvelle surface de voute ainsi dégagée. Ce nettoyage était fait par une équipe d’en général deux « décalabreurs ».
Ces ouvriers confirmés, faisaient tomber ce qui ne tenait pas, consolidaient ce qui était douteux. Ce faisant, ils assuraient la sécurité des « débiteurs », ouvriers « à la pierre », qui triaient ensuite ce qui était tombé, débitaient des morceaux utilisables au jour, d’un poids maximum de 3,5t.
Une équipe était en général constituée de deux débiteurs et d’un « bulliste ». Ce dernier était conducteur d’un bull, pour trier les blocs, les rapprocher de l’emplacement de travail sous le treuil. Le bull utilisait un moteur électrique, « écologique » avant l’heure. La cause en était que des gaz d’échappement auraient rendu l’air irrespirable très rapidement.
De fait, le banc étant plus ou moins stable, on n’allait jamais sous l’ancienne voute. J’y suis allé deux-trois fois pour des raisons particulières que j’ai oubliées, rapidement et, je m’en souviens, pas plus fier que cela.
L’avantage de la méthode était que les remblais restaient sur place, à Misengrain tout au moins. A la Grand Maison, il était produit plus de remblais que de vides, il fallait donc remonter le surplus. Le gros inconvénient était l’utilisation de l’explosif, qui fracturait la pierre
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