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La pyrite
Le gros inconvénient de la pierre de Misengrain était la présence particulière de « pyrites ».
La pyrite est un cristal de disulfure de fer, de type cubique. Elle est présente dans la pierre soit diffuse et donc invisible, soit cristallisée, soit insaturée. On en trouve dans tous les gisements.
En fait et de façon outrageusement simplifiée, avec les siècles, ce sulfure de fer forme des cristaux, comme le sel dans de l’eau de mer saturée. Par contre, la partie organique des fossiles se dissout et diffuse dans la pierre.
Le sulfure de fer cristallise sous forme de petits cristaux cubiques, brillants et jaunes d’or, la pyrite. Cristallisée, elle est inaltérable. Comme elle brille, on la voit bien, c’est « la pyrite cubique ».
D’autres inclusions, composées de sulfure non ou mal cristallisé donnait des amas gris, non saturés, plus ou moins oxydables avec le temps. On les appelait des « pyrites grenues ».
Après quelques années, ces pyrites dites grenues s’oxydaient, sur les versants sud, au soleil. Apparaissaient des taches plus ou moins oranges et des petits trous. L’étanchéité n’était pas remise en cause en général, mais l’esthétique était discutable.
La technique de pose des ardoises de couverture fait qu’il y a toujours deux ou trois épaisseurs. Il est donc très rare qu’il y ait deux épaisseurs percées et superposées. De plus, les gouttes d’eau font le tour des trous. Si si, sérieux. Par contre, s’il y a par exemple une paille dans le trou, l’eau traverse. Mais franchement, qui irait mettre une paille entre les ardoises ?
Ces inclusions, les pyrites oxydables, étaient une difficulté pour Misengrain. D’une part, les coulées oranges, même s’il y en avait peu, n’étaient ni esthétiques ni sécurisantes, d’autre part, la concurrence, les Ardoisières d’Angers, ne manquait pas d’en parler.
Une rumeur de l’époque disait que les ardoisières d’Angers avaient fermé la carrière de Bel Air, mitoyenne de Misengrain, parce que la pierre présentait aussi de ces pyrites et que cela gênait le commercial de cette concurrence pour critiquer l’ardoise de Misengrain.
L’ardoise de Trélazé présentait parfois un peu de petites pyrites cubiques, peu visibles, quasiment pas de pyrites grenues. En Espagne, il y avait de tout. La qualité était très hétérogène à cette époque. Avec le temps, les carrières produisant des ardoises de qualité mauvaise ou moyenne ont progressivement disparu et celles qui restent présentent des produits de bonne qualité.
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